Cache à Poissons sur l'Oussouet

ETUDE PILOTE D’AMENAGEMENT  DE CACHES A POISSONS DANS L’OUSSOUET ET  SUIVI DE SES EFFETS SUR  LA POPULATION DE TRUITES

Cette étude a été réalisée par le Service Technique de la Fédération des Hautes-Pyrénées pour la Pêche   et    la   Protection   du   Milieu Aquatique, avec la participation de l'Association Agréée pour la Pêche et la Protection du Milieu Aquatique "la Gaule Bigourdane" et les services techniques de la Communauté des Communes de la Haute-Bigorre pour la création et la mise en place des différents aménagements ,grâce aux participations financières :

- de l’Agence de l’Eau Adour Garonne - du Conseil Général des Hautes Pyrénées - du Conseil Régional Midi Pyrénées.

RESUME

Des caches à poissons ont été aménagées dans un tronçon de l’Oussouet, petit cours d’eau du piémont pyrénéen. Différentes types de caches ont été aménagées : seuils creux, sous berges et dalles inclinées. La surface cumulée de ces aménagements représente 3 % de la surface de la station, valeur seuil importante vis-à-vis de l’abondance des truites. 

L’effet de ces aménagements a été estimé en comparant l’évolution des abondances de truites de   la   station aménagée   avec celles d’une station témoin non aménagée. Les abondances de truites ont été suivies pendant 3 années, dont 2 après les aménagements. Les   résultats   montrent que   les   aménagements ont   eu   un   effet positif   vis-à-vis des abondances de truites, aussi bien sur les juvéniles que sur les adultes.
​  
Le suivi de la population de truites va cependant continuer afin de juger des effets des aménagements sur une durée plus longue. Et des analyses spécifiques de l’utilisation de chaque type de cache vont être effectuées de manière à pouvoir les comparer entre eux. 

Contexte

Les caches à poisson sont un des éléments déterminants vis à vis de l’abondance de truites dans une rivière . Elles constituent en effet une part importante de la capacité d’accueil physique.

De nombreuses activités humaines modifient la morphologie des rivières et l’habitat piscicole, notamment extractions granulats l’érosion régressive qu’elles engendrent, les recalibrages, les vidanges de barrage ou encore les ouvrages destinés à la protection des berges. Toutes ces activités peuvent conduire à une diminution des caches à poisson, diminution à plus ou moins long terme voire définitive dans certains cas.   

La diminution des caches à poissons entraîne systématiquement une diminution de la capacité d’accueil du milieu. Et toute diminution de la capacité d’accueil entraîne en conséquence des diminutions d’abondance piscicole à long terme, particulièrement avec la truite, espèce particulièrement inféodée aux caches. Or, cette espèce représente un enjeu important dans les départements pyrénéens, tant patrimonialement que sociologiquement   et économiquement, par l’activité pêche qu’elle génère et le tourisme qui en découle.

Une des solutions envisageables pour restaurer la capacité d’accueil des rivières ayant subit des diminutions de leur quantité de caches à poissons consiste à en recréer artificiellement.  Une opération pilote de ce type a été réalisée dans l’Oussouet, petit cours d’eau du piémont pyrénéen. Divers aménagements de caches à poissons y ont été réalisés (seuil creux, sous berges, dalles inclinées) afin de tester leur efficacité et leur pérennité.

L’efficacité de cette opération d’aménagement ne peut être connue qu’en suivant son effetsur la population de truites.  

L’objectif de cette étude est donc : 

  • de tester la faisabilité de la création de caches à poissons,
  • de suivre la réponse de la population de truites à ces aménagements.

Méthodologie 

L’Oussouet, petit cours d’eau du piémont Pyrénéen, a été choisi pour conduire l’étude pilote d’aménagement de caches à poissons. 

L’Oussouet est un affluent en rive gauche de l’Adour, avec laquelle il conflue à Trébons, à une altitude voisine de 450 m. Prenant ses sources dans un massif culminant à plus de 1800 m d’altitude (pic de l’Oussouet à 1873 m), il est long de 14 km pour une pente moyenne de 4 %. Le module, mesuré de 1976 à 1982 à la station de Trébons, est de 1.34 m /s (soit 42 l/s/km²).

Il appartient à la zone à truite supérieure classé en première catégorie piscicole, la Gaule Bigourdane qui y pratique une gestion patrimoniale conformément aux préconisations du PDPG.

L’objectif de l’étude était de créer une surface de cache correspondant à 3 % de la surface de la station aménagée. Cette valeur est effet connue comme étant un seuil significatif vis-à-vis de l’abondance des populations de truites (Baran, 1995) .

Les aménagements ont donc été dimensionnés de manière à atteindre l’objectif de surface cumulée de 3 % de la surface de la station. Le secteur test sur lesquels ont été effectués les aménagements mesure 200 m de long et 100 m² de surface.

L’objectif de 3 % de caches correspond donc à la création d'un minimum de 30 m² de surface de caches. L’objectif de l’étude était également de tester différents types d’aménagement. Plusieurs aménagements ont donc été réalisés:

  • des seuils creux,
  • des sous berges,
  • des dalles inclinées
Les aménagements ont été réalisés en été 2007 par la brigade verte de la communauté des communes de la Haute Bigorre, encadrée par Jean Luc Cazaux (technicien rivière), et Président de L'AAPPMA la Gaule Bigourdane.

Ils ont consisté à réaliser :
  • 3 seuils creux
  • 5 sous berges 
  • 5 dalles 

Seuils creux

Sous berges

Dalles inclinées

Coût des aménagements

Le coût des aménagements réalisés s’élève à environ 15 000 €. Ce montant comprend la réalisation de 3 seuils creux, 5 sous berges et 5 dalles sur environ 200 m d’Oussouet.

Les aménagements réalisés correspondent à 39,6 m² de cache, soit environ 4% de la surface de la station. L’objectif fixé (3 %) à donc été atteint.
On peut estimer le coût de chaque type d’aménagement :
  • 2255 € pour un seuil creux,
  • 1360 € pour une sous berge;
  • 300 € pour une dalle inclinée.

Analyse coût/bénéfices

Etant donné qu’aucune différence statistiquement significative n’a été observée entre les différents types d’aménagements du point de vue de l’utilisation qu’en font les truites, la construction de seuils creux parait la plus discutable. C’est en effet l’aménagement le plus coûteux, le moins intégré d’un point de vue paysager et, bien que de hauteur réduite (< 30 cm) et donc parfaitement franchissable, le moins compatible avec la problématique de continuité écologique. Il peut cependant se justifier dans les longues portions présentant une très faible lame d’eau.

La dalle inclinée est la moins coûteuse, mais il est probable qu’elle soit également la moins pérenne car la plus sujette aux destructions par les crues, même si celles aménagées ont pour l’instant bien résistées.

Les sous berges semblent être le meilleur compromis entre coût, longévité, intégration paysagère et utilisation par les truites.

Suivi piscicole

L’évolution de la population de truites a été suivie à travers la réalisation d’inventaires piscicoles. Ils ont été réalisés par pêches électriques. Ils ont été effectués en automne en deux passages successifs.

Deux stations, distantes de 1,5 km, ont été suivies pour évaluer la réponse de la population
de truites : une station témoin située en amont de la zone aménagée et la station aménagée
proprement dite.

Cinq campagnes ont été réalisées : une avant les aménagements (automne 2006) et quatre les années suivant les aménagements (automne 2007, 2008, 2009 et 2010).


Quatre espèces de poisson ont été capturées lors des inventaires : des truites, des chabots, des loches franches et des lamproies de planner. La truite représente l’essentiel des abondances, aussi bien en densité qu’en biomasse. Ce peuplement est conforme à la typologie du secteur.

Conclusion

Les abondances en truites des deux stations (témoin et aménagée) ont suivi des tendances d’évolution globalement similaires, au gré des recrutements annuels. Les aménagements réalisés n’ont pas vocation à améliorer l’habitat de reproduction, pas plus que celui des alevins. Ces aménagements s’adressant aux individus d’une certaines taille (> 10-12 cm environ), il est donc logique de ne pas constater de différences concernant les abondances de truites de petite taille (juvéniles 0+ et truitelles 1+) entre les deux stations.

En revanche, les abondances de truites adultes ont augmenté de façon proportionnellement plus importante dans la station aménagée que dans la station témoin. On peut donc conclure à un effet positif des aménagements de caches dans l’Oussouet vis-à-vis des abondances de truites adultes, mais aussi vis-à-vis de la valeur halieutique à travers l’abondance de truites « capturables ».

Il faut cependant reconnaitre que les résultats ne sont pas aussi tranchés que ce à quoi on aurait pu s’attendre. Même si elle est proportionnellement inférieure à celle de la station aménagée, l’augmentation d’abondance observée dans la station témoin a en effet été substantielle pendant la durée du suivi. La grande faiblesse de l’abondance de truites adultes dans cette station lors de la première campagne et les effets d’une pression de pêche accrue dans la station aménagée ont sans doute contribué à quelque peu « brouiller » les résultats.

L’Oussouet présente pourtant un cas de figure idéal pour tester les aménagements de caches, la faiblesse de quantité d’abris ayant été diagnostiquée comme un des facteurs limitant principaux. Malgré cela, les résultats ne sont pas aussi tranchés que ce à quoi on aurait pu s’attendre et sont à mettre en rapport avec leur coût conséquent. Ce constat souligne en creux le peu de pertinence de ce genre d’aménagements sur des cours d’eau dont les caches ne seraient pas le principal facteur limitant. Il renforce en outre la nécessité d’examens attentifs quant aux choix de cours d’eau sur lesquels on compte les réaliser.